Ici, se trouvent les poèmes que j'écris, je les sors de la barquette à textes lentement, le travail de correction et de réécriture se fait progressivement. Certains textes sont très anciens et d'autres récents. Je place en premier ceux dont la réécriture est récente afin que vous ne deviez pas faire tout défiler jusqu'à la fin pour découvrir les nouvelles parutions.

 

Le poème du jour 9 

 

Sur une autre terre

(poème à deux voix)

 

Sur une autre terre

               On another land

Je ne suis pas seule

               I don’t feel lonely

Sur une autre terre

               On another land

J’ai un ami pour chaque soir de solitude

               I’ve got a friend for each time of loneliness

Sur une autre terre

               On another land

Je voyage et j’écris

              I travel and write

Sur une autre terre

               On another land

Je danse dans une robe, libre

               I’m dancing in a light dress

Sur une autre terre

               On another land

Mon corps est libre

               My body feels free

Sur une autre terre

               On another land

J’expérimente

               I try

Sur une autre terre

               On another land

Je n’ai pas peur

               I’m not afraid

Sur une autre terre

               On another land

Je suis généreuse

               I’m generous

Sur une autre terre

               On another land

Je donne ma vivacité

               I share my livelyness

Sur une autre terre

               On another land

Je suis libre

               I’m free

Sur une autre terre

               On another land

J’ai un amour

               I’ve got a love

Sur une autre terre

               On another land

Je ne suis pas celle que je suis sur cette terre

               I’m another woman

Sur une autre terre

               On another land

Je n’ai pas peur de quitter

               I’m not afraid of leaving

Sur une autre terre

               On another land

J’ai une autre mère

               I’ve got another mother

Sur une autre terre

               On another land

Je suis confiante

               I’m confident

Sur une autre terre

               On another land

Je ne m’embarrasse pas

               I don’t bother

Sur une autre terre

               On another land

Je ne suis pas en train de mourir

               I’m not dying

Sur une autre terre

               On another land

Je vis

               I’m living.

 

(2025)

 

Le poème du jour 8

Mourir

 

Mourir

Comment apprivoiser la fin toujours possible ?

 

On s’accroche à la vie comme à une paroi

 

Avoir pleine conscience de la mort

Trop parfois

 

Et tout signe de vie est précieux

Le chant de l’oiseau

Le bourgeon

Tout autour de nous parle de fin et de renaissance

L’arbre ne meurt pas

Il nous survit

Et nous, avons-nous droit à notre printemps ?

Qu’est-ce qui meurt en nous ?

Qu’est-ce qui renaît ?

 

Accepter

D’être dans l’espace entre ces deux limites

Sans jamais vraiment savoir de quelle limite nous sommes le plus proche

 

Oser le chemin inconnu

Continuer la route sans jamais savoir si c’est vraiment la bonne

 

Ce n’est sûrement pas encore le temps de la mort

J’ose y croire

Je me plais à rêver en regardant les choses

Je regarde les immeubles de la ville à travers un bouquet de branches de pêchers en fleurs

Et le bruit fait partie du rêve

Le bruit derrière

C’est un bruit de scie électrique dans une entreprise à côté

Et puis il y a la musique de fond

C’est le roulis des voitures, une moto

La civilisation

La civilisation qui m’a donné naissance et qui me tue parfois

Mon esprit divague au-dessus de cela

Je suis attachée aux couleurs

À la lumière

À l’œuvre de l’homme

Les vieux immeubles, les quartiers de la ville

Je ne pense pas à la guerre

 

Je pense à la vie

A la lutte pour la vie.

 

Mourir

Apprivoiser toutes les morts en soi

 

Je pense à la vie

A la lutte pour la vie.

 

Sans savoir si on aura le temps de.

 

(2006)

Le poème du jour 7

Osons la douceur

 

Et si on remettait un peu de douceur

entre nous

un petit coussinet de velours

aux reflets ambrés

une soie usée

que l’on a trop caressée

 

Et si on remettait un peu de douceur

entre nous

un petit bout de coton

pour éponger nos sueurs

un petit lien à dénouer

ou à renouer

 

Et si on remettait un peu de douceur

un effleurement

un peu de vent

sur nos visages

un léger courant d’air

entre deux fenêtres

 

Et si on remettait un peu de douceur

entre nous

une main

un toucher qui s’ose doux

une caresse

un foulard

du frisson naît l’étonnement

 

Et si on remettait un peu de douceur

entre nous

une voix

une parole

un regard

quelque chose qui se dit

quelque chose qui se tisse

 

Et si on remettait un peu de douceur

Entre nous

un pansement

un onguent

 

Et si on prenait soin de nous deux

Et si on s’écoutait un peu

Un peu plus loin que l’immédiat

Un peu plus près que le lointain

 

Osons la douceur

Un soir de vacances

Un soir de pleine lune

 

Osons la douceur

Un peu plus loin encore

Un peu plus près.

 

(2024)

 

Le poème du jour 6

 

J’ai éteint les lumières

 

J’ai éteint les lumières de mes rêves,

J’ai éteint les strass de mes parures,

J’ai quitté mes robes lumière, mes colliers monde, mes pulls arc-en-ciel,

Ma chevelure cuivrée, mes yeux argents et mes sourcils tracés,

J’ai déshabillé ma robe de joie,

J’ai enfilé mon manteau de tristesse,

J’ai regardé passer le train de nuit Paris-Berlin à toute allure,

Ses fenêtres allumées ont dessiné des traits de lumière dans la nuit,

J’ai oublié le nom du train qui traverse l’Asie jusqu’à Vladivostok,

J’ai perdu de vue les chemins de Mongolie,

J’ai seulement un vague souvenir d’un interstice de lumière, à travers les fissures d’un vieux mur de Barcelone ou de Berlin.

Les lumières de mes rêves se sont éteintes telles les lumières d’un train de nuit qui passe trop vite.

Il faut rallumer la bougie du vieux temple bouddhiste perdu dans la montagne.

Il faut rallumer le vieux réverbère qui éclaire les nuits de la ville avant qu’elle s’endorme.

Il faut être chacun nos propres allumeurs de réverbère et veiller sur nos nuits et sur nos rêves de lumière.

 

(2024)

Le poème du jour 5

Je rêve…

 

Je rêve de clartés

Je rêve de ciels bleutés

Je rêve d’échappées belles

Je rêve de dévaler l’escalier

 

Je rêve de pentes douces qui m’emmènent jusqu’à la mer

Je rêve de pins parasols, de leur odeur, chaude, je rêve,

 

Je rêve de clartés

Je rêve de ciels bleutés

Je rêve d’échappées belles

Je rêve de dévaler l’escalier

 

Je rêve de rais de lumière, sur le mur de la mort

Je rêve

Je rêve de sortir de ce trou noir qui nous projette dans l’univers, sans défense, vulnérables, petits enfants

 

Je rêve de clartés

Je rêve de ciels bleutés

Je rêve d’échappées belles

Je rêve de dévaler l’escalier

Je rêve

 

Je rêve d’insouciance

Je rêve d’enfance

Je rêve d’innocence

Je rêve de légèreté retrouvée

Je rêve de flotter comme une plume blanche au vent

Naïve, légère, virevoltante

 

Je rêve d’oublier

Je rêve d’effacer, à la gomme, sur le cahier d’écolier

Je rêve de tout recommencer

Je rêve d’accepter ce qui s’est passé

 

Je rêve de marier le blanc et le noir

Le rouge sang, la tristesse et le sourire

Je rêve de graver ton sourire, de garder le meilleur

D’effacer tous les mauvais souvenirs

De garder tout ce qui ressemble à un petit morceau de joie

 

Je rêve de paix

Je rêve de fermer les yeux sur des paupières neuves, guéries et confiantes

Je rêve de douceur, douceur, douces heures,

 

Je rêve de clartés, de ciels bleutés, d’échappées belles, de dévaler l’escalier

 

Je rêve de jupes volantes au vent, d’insouciance, d’innocence

Je rêve de paix, je rêve de baisers, je rêve de regards, je rêve, je rêve, je rêve

Je rêve de ciels bleutés

Je rêve d’aimer je rêve d’aimer je rêve de t’aimer…

 

 

Le poème du jour 4

Vivante

 

Je vais avancer cahin-caha

Bras dessus bras dessous

Avec ma tristesse

Tantôt debout

Tantôt assise

Sur le chemin qui est le mien

Ne maîtrisant rien

Attrapant quelques brins de vent

Au passage

Le sourire du mendiant

Ce qui se présente

Ce que le ciel veut bien me donner

Pour l’instant

Emboîtant le pas de celui qui n’a rien

Parce que je n’ai rien

Et en même temps j’ai tout

La chaleur de mon corps

Sous ma poitrine

Je suis vivante.

 

 

Le poème du jour 3

Je t'écrirai...

 

Si tu es sage

Je t’écrirai un passage

Si tu es patient

Je t’écrirai un roman

Si tu es passion

Je t’écrirai une partition

Si tu es malade

Je t’écrirai une ballade

Si tu aimes les détours

Je t’écrirai une histoire d’amour

Si tu es volage

Je t’écrirai un message

Si tu pénard

Je t’écrirai un polar

Si tu es doux

Je t’écrirai un haiku

Si tu es bohème

Je t’écrirai un poème.

 

 

Le poème du jour 2

 

Je parle

 

Je parle au silence

Je parle à la transparence

Je parle au vent

Je parle aux graines

Je parle au pollen qui vole

Je parle aux arbres

Je parle aux herbes sauvages

Je parle à l’écorce

Je parle aux feuilles qui frissonnent

Je parle à l’absence

Je parle à l’invisible

Je parle à la nuit

Je parle aux étoiles

Je parle aux courants d’air

Je parle aux fenêtres qui s’ouvrent

Je parle aux murs

Je parle aux bourrasques dans la cour de mon immeuble

Je parle au décor

Je parle au chant des oiseaux

Je parle au ciel

Je parle à la terre

Je parle à l’orient, à l’occident

Je parle aux suds et aux pôles

Je parle aux mouvements

Je parle aux couleurs

Je parle à la danse des êtres

Je parle au fleuve, aux rivières

Je parle à l’onde

Je parle en silence, au monde.                                                               

 

 

Le poème du jour 1

Il n'y a plus d'endroits...

 

Il n’y a plus d’endroit où se cacher

Où se caler, où se calfeutrer

Il n’y a plus d’endroit où se blottir

Il n’y a plus de seins nourriciers

Ni de pain sur la table

Il n’y a plus ni père, ni mère

Ni ancêtres, ni grands-mères

Il n’y a plus d’endroit où se cacher.

 

Je cherche un endroit où me cacher

Où me réfugier

Je cherche un endroit où me réchauffer

Au soleil ou à l’âtre

Je cherche un endroit où me blottir

Le coin d’un feu

Des marrons chauds

Un père, une mère, une sœur.

 

Je cherche un endroit qui ne me connaît pas

Où personne ne sait qui je suis

L’orée d’un bois, une clairière

Une grotte, un abri

Une cabane en bois

Un coin de mousse, un rocher

Un animal sauvage

Je cherche je cherche je cherche.

 

Je cherche un endroit qui m’attend

Une maison au fond d’un bois

Le couvert mis

Le pain sur la table

Le thé dans la bouilloire

Le feu dans l’âtre

Et quelqu’un qui est assis

Sur son vieux fauteuil usé.

 

Je cherche ma grand-mère de Russie

Avec son foulard fleuri

Autour de son vieux visage ridé

Qui sourit quand il m’écoute

Qui ne dit presque rien

Qui est toujours de mon côté

Et qui m’offre son soutien

Et qui m’offre son pain.

 

Je retrouvais souvent ma grand-mère de Russie

Je traversais la forêt pour lui parler

Elle m’attendait

Elle me choyait

Je m’asseyais à ses genoux

Près du vieux fauteuil vert

Et je retissais avec elle,

Entre présent et avenir

Les fils du passé.

 

Je chercherai toujours

Ma grand-mère de Russie

Le retour de l’amie

La chaleur perdue

Le service rendu

La gratuité, la simplicité

L’accueil

L’éclat de rire.

 

Je l’ai trouvé au fond de moi

Cet endroit où me cacher

Cette maison penchée

Avec du pain sur la table

Du thé dans la bouilloire

Cette grand-mère de Russie

Que je peux retrouver

En un clin d’œil, en un instant.

 

Et je m’invente parfois

Des visites impromptues

Dans ce coin perdu

Juste pour la retrouver

Et je reste auprès d’elle

Quelques jours

Le temps de me rafistoler

Et de lui couper du bois  

Pour l’hiver.

 

Je savais où la trouver

Au fond du bois

Juste après le fourré

Derrière les buissons

Après les violettes et les cyprès

Je connaissais le chemin par cœur

Je m’y réfugiais

Dès que je le souhaitais.

 

Et puis d’un coup

Je l’ai perdu

Cet endroit où me cacher

Ce fut soudain

Ce fut brutal

Il s’est perdu dans ma mémoire

Je n’arrive plus à retrouver

Cette forêt imaginaire

L’herbe a poussé sur le sentier

Le chemin

Qui menait à sa chaumière

A disparu.

 

Je suis à nouveau perdue sur ce chemin qui ne mène nulle part.

Je cherche un endroit où me cacher.

Entre broussailles, ronces et ornières.

Dans la nuit, pourtant, j’aperçois une lumière

Lointaine.